Des latinistes et des hellénistes témoignent en 2010
Fabien, actuellement en khâgne au lycée Jeanne d’Albret, à Saint Germain-en-Laye.
J’ai commencé à étudier le
latin en classe de cinquième. C’était pour moi une chose naturelle
puisque j’ai toujours été passionné par l’histoire de l’Antiquité. Pour
moi, faire du latin, c’était d’abord faire de la civilisation latine.
Je n’étais pas particulièrement bon en grammaire française et il faut
avouer qu’en classe de seconde, c’est avec difficulté que j’ai étudié
la langue latine (l’initiation grammaticale enseignée au collège
m’avait d’ailleurs presque dégoûté). Faire des petits exercices
grammaticaux était un véritable pensum, et c’est donc avec réticence
que j’ai abordé l’exercice de version en classe de seconde. Au début,
le côté technique de l’exercice m’a quelque peu conforté dans ma piètre
opinion que je me faisais de la langue latine. Pourtant, la curiosité
l’emportait : le désir de découvrir les secrets que recelaient les
textes transforme l’exercice en plaisir. C’était passionnant de pouvoir
découvrir l’histoire directement par des sources authentiques. De plus,
le latin me permettait de consolider mon usage de la langue française.
Alors que je m’étais engagé dans une filière scientifique, je me suis
rendu compte que ce n’était pas ce qui m’intéressait et ma note en
latin au baccalauréat a, entre autres choses, renforcé mon désir de
poursuivre mes études dans une filière littéraire.
Durant l’été qui suivit l’obtention
de mon baccalauréat scientifique, j'ai été dans une école en Australie
où j'ai suivi les cours avec des élèves australiens. Le niveau des
cours de latin était particulièrement élevé, et un texte que j’aurais
traduit en une heure avec un dictionnaire en France, était traduit en
quinze minutes sans dictionnaire par des élèves plus jeunes que moi. La
méthodologie enseignée permettait une compréhension particulièrement
efficace et rapide de la langue latine. C’est pendant cet été et à
l’autre bout du monde que j’ai véritablement découvert les subtilités
du latin et parfois même de ma propre langue. Le latin qui n’y était
pas considéré comme une option permettait une compréhension globale de
la grammaire.
Lorsque je suis revenu en France, je
suis entré en classe d’hypokhâgne. Le latin y étant obligatoire, de
nombreux élèves ont alors commencé cette matière… pour l’arrêter
l’année suivante vu la difficulté qu'ils rencontraient. Ce ne fut pas
mon cas : la plus grande partie de mes difficultés de la langue latine
ayant disparu, le latin devenait une passion. Cela ne permettait plus
simplement d’éviter des fautes d’orthographe, c’était un véritable
outil. Le latin permet aussi bien de comprendre la poésie rimbaldienne
que la pensée spinoziste ! Ma persévérance était, et est d’ailleurs
toujours, largement récompensée par l’ampleur des bénéfices que l’étude
de la langue latine m’a apportés, à tel point que je regrette même de
ne pas avoir suivi un enseignement de grec ancien.
Je conclurais qu’en ayant suivi au
lycée trois heures supplémentaires de cours par rapport aux
non-latinistes, je n’ai pas perdu mon temps. Toutefois, je comprends
que ceux qui n’ont jamais fait de latin ne puissent le regretter
puisqu’Ignoti nulla cupido.
Pauline, actuellement étudiante en première année d’Information-Communication
Je suis Pauline STIVALA,
ancienne élève helléniste au Lycée Le Corbusier à Poissy (78) et je
suis actuellement en première année de licence
Information-Communication à l’Université Paul Valéry à Montpellier
(34).
J’ai effectivement étudié le grec
ancien durant ma scolarité au Lycée Le Corbusier (de la 3ème à la
terminale). Cette matière m’avait été vivement recommandée par ma
professeur de français en classe de 3ème voyant que je n’avais jamais
étudié le latin. J’ai donc pris cette option en pensant principalement
que cela consoliderait mes leçons de français. En effet, cela a été le
cas mais cet apprentissage ne m’a pas servi qu’à cela.
Les avantages que je peux accorder à
cette matière sont les suivants : certes, elle nous amène à porter un
regard plus « éloigné » sur notre langue qu’est le français, mais elle
nous permet aussi de découvrir une autre manière d’écrire, de
communiquer, de former un argumentaire, etc. D’ailleurs, une telle
découverte peut être très intéressante. Aussi, le grec ancien permet
finalement à ceux qui l’étudient de comprendre la syntaxe d’une
grammaire, d’une orthographe utilisées au quotidien. De plus, afin de
comprendre certains textes, nous avons dû nous pencher sur la manière
dont vivaient les Grecs à l’époque concernée : c’est une ouverture sur
une culture que nous ne connaissons pas forcément au départ et je pense
que c’est une bonne opportunité de la découvrir et de pouvoir ainsi la
comparer à la nôtre.
En revanche, il y a tout de même
quelques inconvénients associables à cette matière. Il est évident que
ce n’est pas une option accessible à tous. En effet, il faut de la
volonté, du sérieux, de la motivation car ce n’est pas une « langue »
facile à étudier. Car il faut souligner le fait que c’est plutôt une
étude que nous faisons qu’un apprentissage à proprement parler.
L’inconvénient que nous avons eu dans notre lycée était l’impossibilité
d’avoir un nombre d’heures respectable par semaine, ce qui a sollicité
beaucoup de travail personnel. Or, j’estime qu’une telle discipline
nécessite, pour un élève présentant un niveau correct, un suivi de
notre professeur.
Cependant, le grec ancien permet
beaucoup de choses. Avec Madame Fillon (notre professeur de grec durant
nos trois années de lycée) nous travaillions beaucoup avec des
diaporamas. Cela peut paraitre anodin, mais ce travail nous a permis à
tous d’apprendre à travailler sur un tel support qui n’est pas à la
portée de tous. D’ailleurs, aujourd’hui j’utilise beaucoup ce mode de
travail pour les différentes disciplines que je suis. En ce qui
concerne la discipline même, elle donne l’occasion de porter un certain
regard critique sur notre travail : une traduction n’est jamais
parfaite. Ainsi, on remet souvent nos travaux en question afin d’avoir
un résultat optimal.
Enfin, il y a deux (gros) avantages
que nous ne pouvons pas oublier. Que serait le grec ancien sans les
voyages qu’il peut impliquer ? Je trouve formidable qu’une telle
matière puisse amener jusque sur les terres grecques afin de rentrer
véritablement dans l’histoire, pouvoir mettre des monuments sur des
mots vus dans des manuscrits. Aussi, nous pouvons dire que le grec,
après quelques années de pratique, peut nous faire bénéficier d’une
bonne note au bac (si nous nous impliquons comme il se doit dans ce que
nous faisons). Cela est, de loin, non-négligeable puisqu’il s’agit tout
de même d’un coefficient 3. En ce qui me concerne, cela m’a permis
d’avoir mon bac ES et d’éviter les épreuves du rattrapage.
Finalement, je recommande vivement
(comme j’ai pu notamment le faire durant les portes ouvertes de mon
ancien lycée (je tiens d’ailleurs à préciser que l’effectif d’élèves
pour le grec ancien a relativement augmenté puisque nous n’étions que
neuf en seconde, alors qu’ils sont à présent près de la vingtaine))
l’étude du grec ancien car elle apporte beaucoup. Je ne regrette en
rien d’avoir suivi cet enseignement durant quatre années.
Delphine, actuellement étudiante en première année de licence de biologie
Actuellement en première
année de licence de biologie à l'université Pierre et Marie Curie à
Paris (parcours BGPC), j'ai étudié le grec de la quatrième à la
terminale. J'avais donc choisi cette option avant d'entrer au lycée,
par intérêt des civilisations antiques, et goût des langues. Pour moi,
le grec a été une source d'enrichissement, tant au point de vue des
connaissances qu’au point de vue personnel, car il m'a aidée à avoir
plus confiance en moi. En effet, réussissant bien en grec, j'ai pu m'y
conforter et utiliser les méthodes d'apprentissage du grec dans
d'autres matières. Encore à présent, il m'arrive de retrouver le grec
dans mes études de biologie, dont certains termes proviennent du grec.
Pas alors besoin de chercher dans un dictionnaire, le grec me donne
tout de suite leur signification.
En petit groupe de moins de dix
personnes, les cours de grec étaient très agréables, même conviviaux,
et c'était un vrai plaisir que d'avoir ces cours, animés et vivants,
dans la semaine.
A présent, mon petit frère étudie le
grec au collège, et je viens parfois regarder ses cours ou l'aider, et
c'est toujours un plaisir pour moi que de lire ou parler du grec. Je ne
regretterai donc jamais d'avoir choisi cette matière supplémentaire,
qui m'a vraiment beaucoup apporté et que je recommande vivement à tous.
Audrey, actuellement en 1ère S
J'ai commencé à
apprendre le grec à la fin de la seconde car j'avais très envie
d'apprendre à lire cet alphabet. J'ai donc changé d'option en première,
en passant du latin au grec mais je continue tout de même le latin. Je
pense que ces deux langues anciennes se complètent. Les étudier permet
de progresser en français, pour l'orthographe, le vocabulaire mais
aussi pour les commentaires. J'aime beaucoup l'aspect logique des
traductions et le sentiment de satisfaction après avoir réussi à
traduire un texte. Les cours avec un effectif réduit (9 élèves) et sur
ordinateur favorisent la recherche par soi-même et permettent de mieux
maîtriser l'informatique.
Des inconvénients ? Non, peut-être
le travail supplémentaire (3h par semaine et le travail à faire à la
maison qui reste raisonnable) mais quand on aime, on ne compte pas !
Cécile, actuellement en 1ère S
Elève de première S, je
trouve très important d'apprendre une langue ancienne. Effectivement,
durant les cours de grec ancien, nous étudions non seulement la langue,
mais aussi beaucoup de choses concernant la littérature. Nous sommes
dans une section où les matières scientifiques prennent le pas sur les
matières littéraires, mais je trouve pour ma part qu'il est très
important d'étudier des textes et de faire leur commentaire. Cela
développe notre réflexion. De plus, en travaillant sur des auteurs non
étudiés en français car trop anciens, nous apprenons aussi énormément
de choses sur l'histoire. Je pense que cela permet une ouverture
d'esprit.
J'ajouterais que le grec étant
aussi à la base de beaucoup de vocabulaire français, l'étude de cette
langue me permet de comprendre l'étymologie de mots et de mieux saisir
leurs sens.
Cette option étant choisie, et,
la plupart du temps, gardée jusqu'en terminale, cela prouve que les
élèves apprécient cette matière et il serait donc dommage que cet
enseignement soit supprimé.
Sarah, actuellement en 1ère S
Pourquoi avoir pris
grec ancien ? Mon choix est constitué de plusieurs raisons, je faisais
auparavant latin mais n'accrochais pas vraiment à la langue, cependant
je ne voulais pas abandonner car cette matière me permettait d'avoir
une meilleure moyenne et des point bonus pour le bac, une amie m'a donc
suggéré de prendre grec et ma mère, en ayant aussi fait, a appuyé son
choix. Je me suis alors dit pourquoi pas, il vaut mieux recommencer une
nouvelle langue plutôt que d'en continuer une qui ne nous plaît que
moyennement. Mon choix était donc fait.
Le grec ancien n'est pas une
langue aussi difficile qu'on peut le croire. L'apprentissage de cette
langue au lycée se fait d'une tout autre manière que le latin au
collège, on apprend les déclinaisons ou les temps de verbe en les
rencontrant dans un texte, de plus, au lycée nous avons la chance de
travailler sur ordinateur ce qui rend la matière plus ludique. Le grec
est aussi une langue intéressante par son écriture, les nouveaux
caractères apportent un aspect amusant. Même au lycée l'utilité du grec
se fait sentir, par exemple dans les matières scientifiques, la vision
d'une lettre grecque ne nous déroute pas alors que certains élèves
auront du mal à retenir sa forme ou son nom, la langue sert aussi en
français lorsque l'on fait face à un mot inconnu, en étudiant sa
racine, le sens du mot peut alors être trouvé. Il permet aussi
d'identifier plus facilement la nature et les cas des mots en français.
Avoir 3h00 de grec par semaine peut sembler long ou lourd dans les
emplois du temps mais puisque c'est mon choix ces "heures en plus" ne
me dérangent pas. L'apprentissage du grec ancien n'est donc pas
ennuyeux et sans intérêt comme certaines personnes peuvent le penser.
Stéphanie, actuellement élève en Terminale S
Une élève qui
passera le grec en candidate libre et a contacté Mme Fillon dont elle a
lu le blog et le site présentant son travail de l’année.
Ma rencontre avec le grec
Je suis issue d'une famille et d'un
milieu scientifique ; a priori, rien ne laissait prévoir que le grec
croiserait mon chemin, mais c'est ce qui est arrivé !
Quelques temps avant d'entrer
en première S, j'avais entrepris d'étudier la Bible à fond, afin d'en
examiner les faits avec un regard analytique. En parallèle, j'avais lu
un ouvrage sur les récits bibliques où des professeurs d'université
examinaient les aspects légalo-historiques et déduisaient du texte de
précieux indices sur les allégations du Christ lors de son procès...
grâce au texte original grec ! En tant que jeune scientifique, la
rigueur et la validité des sources sont les qualités essentielles d'un
compte rendu ou d'un travail. Cette première dimension d'authenticité
fournie par le grec m'avait alors séduite, sans que je puisse
l'entamer, faute de personne-ressource dans mon entourage.
Lorsque j'entrai en première S, je
remarquai que ma professeur de Français, également enseignante de
latin, était helléniste. En commentant les divers textes de français,
elle donnait l'étymologie grecque de mots français. J'étais tout
simplement stupéfaite par la richesse insoupçonnée du grec qui se
révélait à moi, par sa langue notamment, mais également par l'héritage
littéraire et historique que la civilisation grecque nous avait laissé.
Sans plus tarder, je parlais à ma professeur de mon intérêt naissant
pour le grec. Sa passion communicative me poussa, une fois rentrée chez
moi, à copier un alphabet grec trouvé sur internet et à l'apprendre.
Environ deux semaines plus tard, je restais longtemps sur l'ordinateur
rien que pour le plaisir de déchiffrer des mots.
Ma professeur eut la gentillesse de
m'offrir le fameux manuel "Hermaion" de J.V Vernhes. A cette époque, je
voulais simplement étudier le grec en autodidacte pour mon projet
d'étude biblique. Le manuel, très clair, me fit très vite progresser et
je fus en mesure, au bout de quelques mois, d'expliquer certaines
phrases bibliques dont les structures grammaticales sont réputées
délicates d'interprétation. Pour certaines raisons personnelles, j'ai
dû parfois mettre le grec en pause, mais je n'ai cessé de voir du grec
partout...
L'incroyable polyvalence du grec
Je souhaite me diriger dans le
milieu médical, et depuis que je me suis mise au grec, je suis capable
de déduire la signification de mots médicaux jamais rencontrés
auparavant. Par exemple, on peut déduire que la leucémie touche les
globules blancs puisque leukos veut dire blanc en grec. De nombreux
autres mots scientifiques sont déductibles systématiquement et cela
m'est d'une grande utilité dans beaucoup de cours, tant en SVT qu'en
Histoire, (OROgenèse, la naissance des montagnes, PLOUTOcratie, système
où les riches détiennent le pouvoir...). Ne parlons pas de la
philosophie, enfantée par la nation grecque, ainsi que la politique,
les notions de citoyenneté et de culture... L'étude du grec développe
également les perspectives épistémologiques. Le grec se retrouve dans
un nombre incroyable de langues, et en parlant plusieurs, dont l'arabe,
je retrouve des mots grecs qui apportent des souvenirs et des
explications de la croisée des mondes sémitique et hellénique… Sans
oublier, pour mes travaux personnels, l'assurance de posséder le texte
original biblique. Et la culture générale. Etc, etc etc.
Ainsi, le grec, même pratiqué seule, m'a ouvert des horizons énormes. Que du positif, que du bénéfique !
Je passe le BAC !
Cette année, j'aurais voulu prendre
une option supplémentaire.... Mais ce fut impossible par
indisponibilité de ces options. Il me fut donné la possibilité de
passer le grec... J'avais peur : je n'ai que quelques mois d’expérience
de grec et on était à un trimestre de la rentrée. Mais je voulais
absolument consolider ma connaissance du grec avant de me lancer dans
les études supérieures qui ne m'en laisseraient plus le temps. Je fis
alors le "pari" d'ajouter l'option « grec » à mon BAC. Je ne le
regrette toujours pas ! J'étudie chez moi, avec les documents du
corpus, les traductions et commentaires offerts par Anne Fillon.
Enseignement du grec.
Malheureusement, le grec scolaire
n'est pas autant dispensé que le latin... Ce qui est regrettable, car
comme je l'ai expliqué plus haut, les avantages du grec sont
inimaginables, et le grec est une base en or pour nombre de
disciplines, tant littéraires que scientifiques, médecine, biologie,
géologie, histoire, langues anciennes ou modernes... Nommez-les tous !
C'est une langue très fluide
lorsqu'elle est bien enseignée. Mon manuel "Hermaion" a soigneusement
organisé l'apprentissage des déclinaisons et a intégré peu à peu de
petites listes de vocabulaire, puis fait appliquer directement
l'apprentissage à de vrais textes, comme les Maximes de Ménandre, ce
qui évite de faire une indigestion de connaissances sans jamais pouvoir
les appliquer et donc les oublier. N'ayant pas eu de professeur, je ne
sais pas comment les cours se déroulent officiellement mais un
apprentissage mettant en pratique déclinaisons, vocabulaire et textes
motive les élèves et évite l'effet "accumulation". On se sent dès lors
perpétuer le cours de l'histoire en étudiant des textes fondateurs et
incontournables.
Il profiterait à de nombreux élèves,
tant les scientifiques que les littéraires, d'avoir à leur disposition
un enseignement hellénique plus accessible. Les scientifiques y
trouveraient leur compte en s'appropriant des connaissances efficaces,
ce qui les aiderait pour de nombreuses racines capitales
(classifications scientifiques), et les littéraires y gagneraient en
culture générale et en solidité d'expression.
Quel bénéfice serait pour les élèves
un cours de grec ! Il est "indélébile" dans la mémoire et comme vous
l'avez vu, il offre une solidité intellectuelle et culturelle sans
égale.
Flore, actuellement étudiante en première année de maths-physique-informatique, à l’université Paris-Sud XI
J’ai choisi d’étudier le grec
pour pouvoir connaître un nouvel alphabet mais également pour pouvoir
étudier la mythologie grecque et découvrir une civilisation antique. Le
plus difficile pour moi a été d’apprendre les tableaux de déclinaisons
et de conjugaisons mais cela s’est révélé payant au fur et à mesure que
j’arrivais à traduire des textes de plus en plus longs. Ma plus grande
satisfaction a été de réussir à retenir des textes en grec ancien et à
pouvoir les réciter.
Jean-Mathieu, actuellement étudiant en première année de médecine
Alors, pour ce qui est du grec et de l'intérêt que j'y ai porté, c'est bien simple.
En classe de seconde, les cours de
grec étaient les seuls à m'intéresser, puisque c'étaient les seuls où
l'on pouvait avancer à son rythme étant donné le peu d'élèves que nous
étions (neuf, si je me souviens bien) ; par conséquent, ces cours ont
été toute l'année de seconde mon unique motivation pour continuer
d'aller au lycée, tellement les autres cours étaient - il faut le dire
- ennuyeux.
Le grec en première m'a moins marqué
(bien que je sois toujours allé aux cours de grec avec enthousiasme et
motivation), peut-être du fait que, cette année-là, il a fallu se
mettre à travailler les autres matières...
L'année de terminale m'a beaucoup
apporté (sans parler des points gagnés pour le bac) sur le plan du
travail des textes ; en effet, il a fallu mettre au point, pour chacun
des textes, une traduction en bon français tout en étant fidèle au
grec. De plus, le fait d'étudier notamment le début de l'Apologie de
Socrate, m'a permis d'étayer avec conviction (citations en grec à
l'appui) certaines dissertations de philosophie. Et je crois que ce qui
m'a le plus enthousiasmé, c'est le commentaire de traduction : le fait
d'essayer, avec un texte, sa traduction, et un dictionnaire, de prendre
ses repères dans l'original grec et d'être capable de se l'approprier
au point de critiquer, en bien ou en mal, la manière dont un traducteur
l'a transcrit, cela, je l'ai trouvé fort intéressant.
Et cette année encore, où je suis en
première année de médecine à la faculté Paris VII Diderot, j'en retire
des bénéfices particuliers. Un exemple parmi beaucoup d'autres :
comment retenir les différents stades de la prophase de première
division de méiose (en embryologie) ? Un simple coup d'oeil dans
l'Abrégé du Bailly m'apprend que "zygon" signifie "joug" : c'est donc
au stade zygotène que les chromosomes homologues s'apparient ; et en
sachant que "pachys" veut dire "épais", je peux retenir que c'est au
pachytène que les chromosomes sont enchevêtrés au point que les
crossing-over aient lieu. D'autre part, je soupçonne l'intérêt que
m'ont apporté les cours du lycée pour la civilisation grecque de m'être
d'une grande aide au second semestre, lorsque nous verrons, en
épistémologie, les fondements de la médecine Hippocratique.
Donc moralité : vive le grec !!!
Marion, actuellement élève de Terminale L
L'option grec ancien au lycée, est
une matière "bonus", permettant de favoriser la réussite scolaire. Elle
demande cependant un travail régulier, mais n'empêche pas pour autant
de travailler dans les autres matières. Cette option facultative est,
pour ma part, une de mes meilleures moyennes. Elle favorise d’ailleurs
les capacité en français (de par la connaissance de l'étymologie de
certains mots, et donc leur compréhension, même pour des mots nouveaux,
etc.). L'instauration définitive de cette matière au lycée en
faciliterait nettement l'apprentissage ! N'en ayant eu qu'une heure en
seconde, deux heures en première et ENFIN trois heures en terminale
(par semaine), la progression dans cette matière et la régularité du
travail ont nettement évolué ! Cela peut éventuellement sauver le bac
de certaines personnes... En particulier si celles-ci ont des
difficultés, d'une manière générale : si les résultats sont un peu
justes, sachant que seuls les points au dessus de la moyenne comptent,
le défi est peu risqué. En résumé, c'est une option dont le titre
facultatif inclut l'autonomie de l'élève dans son travail, permet, si
ce travail est bien effectué, d'améliorer les résultats généraux, sans
nous pénaliser par ailleurs, au long de l'année et pour le bac.
Valérie, 32 ans, a obtenu 16/20 en grec ancien, en candidate libre, en 2010
Courant 2009-2010, à l'âge de 32
ans, je décidais de reprendre mes études « à zéro ». Je souhaitais
passer le Bac S avec deux options dont le grec ancien. En septembre, je
commençais une année de préparation aux épreuves obligatoires en
suivant des cours du soir. Quant aux épreuves facultatives, il
m'incombait de m'y préparer par mes propres moyens.
Tout d'abord : pourquoi avais-je
choisi le grec ancien ? Dans un lointain passé, en remontant à l'époque
du collège, j'avais choisi d'étudier le latin et le grec. Très attirée
par ces deux langues, ma préférence pour le grec s'était toutefois
manifestée au moment de mon entrée au lycée. D'une part, l'enseignement
de cette langue —révélant une grammaire, une syntaxe si particulières à
mes yeux— à travers l'étude de textes —dévoilant la civilisation de la
Grèce Antique– avait progressivement éveillé ma curiosité. D'autre
part, l'amour transmis par le professeur pour cette matière avait rendu
ses cours des plus passionnants, facilitant ainsi l'apprentissage. En
me remémorant ces souvenirs, il me paraissait donc évident de faire
honneur à cette langue, à cette culture si chères à mon coeur, en les
incluant pour l'obtention de mon bac.
Ensuite : quelles ressources
pouvais-je allouer à la préparation de l'épreuve de grec ancien? En
errant sur internet à la recherche d'informations sur le programme et
les modalités de l'épreuve, je tombai sur le blog d'Anne Fillon. La
magie d'internet me faisait découvrir le travail de Mme Fillon et me
permettait aussi de rentrer en contact avec elle. En plus de répondre à
mes questions, elle me proposait aussi son aide pour la préparation à
l'épreuve.
Je retrouvais grâce à elle ces
sensations déjà ressenties quant à l'étude passée du grec ancien : un
mélange d'émerveillements concernant le génie des personnalités aussi
bien dans leur réalisation que dans leur réflexion, la richesse
extraordinaire d'une civilisation dont l'héritage s'est transmis
jusqu'à nos jours et demeure une référence incontournable.
Comment éviter de citer dans les
sciences Pythagore, Archimède et en philosophie Platon? Il est
indéniable de reconnaître que l'enseignement lié au grec ancien m'a
donné une multitude de clés de compréhension et d'explications qui font
partie intégrante de ma culture générale et de ma manière de pensée.
J'en mesure encore la portée, aujourd'hui, dans ma poursuite d'études
supérieures, entre autre par l'étymologie des mots que je pourrais être
amenée à utiliser ultérieurement.
Je suis très reconnaissante à Mme
Fillon d'avoir fait preuve d'une grande sollicitude et d'une forte
activité à mon égard, de m'avoir accordé de son temps en dehors de ses
cours. J'ai eu la chance de pouvoir bénéficier de l'implication de Mme
Fillon dans son rôle de professeur basée, me semble-t-il, sur son
souhait de faire partager son amour et sa passion pour ses matières
enseignées.
En conclusion, il me paraît
inconcevable de réserver l'enseignement du grec ancien à une élite
parisienne car c'est ce que j'ai constaté au moment de mon passage à
l'oral. Pourquoi priver un adolescent de cet enseignement qui lui
servirait de terreau très fertile pour sa construction personnelle
aussi bien dans le domaine des arts et des lettres que dans celui de la
philosophie ou des sciences ?
C'est un patrimoine incomparable et surtout indispensable à transmettre.
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